"Mais tout est lié !" Une exclamation que j'ai si souvent entendue quand j'ai facilité (ou participé) à des réflexions de groupe (brainstorming, rétrospectives
) :

"Tu nous demandes de faire des groupes distincts 
 mais tout est lié !"

RĂ©flexion accompagnĂ©e bien souvent de ce sourire navrĂ© que l'on s'offre face Ă  la complexitĂ©. Également souvent accompagnĂ©e de la proposition de faire d'une facette la facette centrale, de tout ramener Ă  elle, car justement, tout est lié  et forcĂ©ment Ă  elle.

Une rĂ©action, bien humaine, qui, si l’on n’est pas prĂ©parĂ©, peut nous prendre de court. Cette rĂ©action invite pourtant Ă  plusieurs rĂ©ponses


  1. Que tout soit liĂ© n’est pas une raison pour que tout soit confondu. Ce n'est pas une raison pour qu’on ne distingue plus les diffĂ©rentes facettes d’une situation ou problĂ©matique, ses diffĂ©rents points saillants, les diffĂ©rents nƓuds de la toile. Certains pensent qu'avoir une vision d'ensemble c'est justement refuser de distinguer un Ă©lĂ©ment de l'ensemble et se targuent d'une "approche holistique". Or, si l'on est capable de voir les liens, c'est justement parce qu'on en a distinguĂ© les Ă©lĂ©ments qu'ils lient.

  2. Et, bien qu'une vision ou comprĂ©hension holistique soit souvent un avantage, il est bon de rappeler que l’action, elle, ne peut guĂšre ĂȘtre holistique. On ne peut guĂšre agir sur le systĂšme en son entier, mais bien uniquement sur des points du systĂšme.

Deux rĂ©ponses Ă  la fatalitĂ© du "tout est liĂ©" pour nous faire rĂ©aliser que dans un processus de rĂ©flexion (collective) on passe par la nĂ©cessaire description des diffĂ©rentes facettes d’une situation et de leurs relations, sur la base de laquelle on pourra au mieux dĂ©cider l’action.


Photo: Ruvande fjällripa